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le mensonge ne laisse pas de marbre 15/12/2005
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Diplomatie dans le Monde

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Le monde diplomatique  (un scandale)

François 1er s'allie à Soliman le Magnifique contre Charles Quint

France-Turquie : une alliance de revers


Le 16 décembre 2004, à Bruxelles, Jacques Chirac s'est fait l'avocat de l'entrée de la Turquie dans l'Union européenne. Déjà, en 1963, le général de Gaulle prônait un rapprochement avec ce pays. La suite d'une histoire, inaugurée il y a presque 500 ans, entre la France, fille aînée de l'Eglise", et la Sublime Porte, "infidèle". .

Au début du XVIe siècle, la diplomatie française, pour contrer les Habsbourg, cherche des alliances de revers à l'est du continent. On se propose de marier le duc d'Orléans avec la fille du roi de Pologne. On se rapproche du voïvode de Transylvanie. Puis, survient ce matin funeste du 24 février 1525: En Italie, devant Pavie, la fine fleur du royaume se fait anéantir. Marignan est loin. François Ier est défait, prisonnier de Charles Quint. Les Habsbourg dominent l'Europe. La France est encerclée et humiliée.



C'est dans ce contexte que Louise de Savoie, reine mère et régente, tente de prendre contact avec Istanbul. Même si l'on en ignore la date exacte, il est probable qu'une première ambassade quitte la France dans les semaines qui suivent la défaite de Pavie. Vaincu, isolé, le royaume n'a alors pas beaucoup d'autres choix que cette alliance, considérée dans la chrétienté comme scandaleuse. Car l'affaire est osée, voire "politiquement .incorrecte" comme on dit aujourd'hui. Jean Jacquart, le biographe de François ler, rappelle que "les Turcs, c'était l'Islam, ennemi juré de la foi chrétienne, c'était la destruction de l'Empire byzantin, le joug de l'infidèle sur la Terre sainte et les vieux patriarcats orientaux, c'était la piraterie , les esclaves condamnés à ramer sur les galères barbaresques et amenés, parfois, à renier leur foi; c'étaient les destructions de villages chrétiens des Balkans",

Le Très Chrétien et le Grand Turc contre le Très Catholique

Pendant près de vingt-cinq ans, une véritable partie de bras de fer oppose le Très Catholique Charles Quint au Très Chrétien François 1er qui trouve auprès du Grand Turc, Soliman le Magnifique, un allié particulièrement fidèle.

 

Alors même que la noblesse de la chrétienté renaissante se berce de chimériques rêves de croisade, cette ambassade quitte donc secrètement la France pour rencontrer Soliman le Magnifique. Mais l'affaire tourne mal. L'expédition d'une douzaine d'hommes, chargés de présents d'or et de pierres précieuses, est passée en chemin par le fil de l'épée sur ordre du pacha de Bosnie. C'est ainsi, rapporte la légende, que le grand vizir Ibrahim, l'un des hommes les plus influents de la Porte,arborera au doigt un rubis magnifique, bien connu à la cour de France. Louise de Savoie, pas découragée, envoie une seconde ambassade, conduite par un Croate, Jean Frangipani parvenu à Istanbul, celui ci remet au sultan, au nom de François 1", une lettre de la régente. L'émissaire, reçu par Soliman, lui demande de venir délivrer François. La réponse, célèbredans les annales diplomatiques en raison de la qualité de sa prose, exhorte "François, roi du pays de France a prendre courage et à ne pas se laisser abattre. 
 

Nuit et jour notre cheval est sellé et notre sabre est ceint." En clair, Soliman est prêt à la guerre. Frangipani regagne la France pour remettre la réponse du sultan au roi, qui vient de  quitter sa geôle en y laissant ses enfants en otage.

A peine François 1er a-t-il renvoyé son messager pour remercier Soliman, que les Turcs écrasent les Hongrois à la bataille de Mohacs, le 29 aoüt 1526. Louis Il, le roi de Hongrie, beau-frère de Charles Quint, est tué. Une partie de son trône revient au voïvode Jean Zapolya, allié des Français et des Ottomans, grâce à la médiation d'un Espagnol passé au service de la France, Antonio Rincan.

Sans doute le Grand Turc n'a-t-il pas attendu les instructions françaises pour attaquer. Mais les Habsbourg, au courant de ces ambassades, n'hésitent pas à faire endosser au Français la responsabilité du désastre. C'est un tollé. Le roi de France, pour contrer la propagande qui fait de lui le "très chrétien bourreau de la chrétienté", obtient de Soliman des assurances sur les Lieux saints et la liberté d'y célébrer le culte. En 1529, jugeant sans doute préférable de faire la paix, François réaffirme renoncer à l'Italie tandis que Charles Quint abandonne ses prétentions sur la Bourgogne de ses ancêtres. C'est le traité de Cambrai, aussi appelée "paix de Dames", car il est ratifié par Marguerite d'Autriche et la reine mère Louise de Savoie, qui veut faire libérer ses petits enfants. Mais François se méfie toujours de son ennemi, même si, l'année suivante, il épouse en secondes noces Eléonore de Habsbourg, sœur de Charles Quint.

L'alliance avec les Turcs est inutile, Du moins en apparence, car il mène un double jeu. Publiquement, il se récrie contre ceux qui l'accusent d'avoir soutenu les "Barbares ". Pour preuve de sa bonne foi, il signe même un autre traité, avec le roi d'Angleterre cette fois, contre "notre ennemi commun le Turc". Mais secrètement, via Rincan, il assure Soliman de la constance de son amitié. Et tente de le persuader d'attaquer l'Italie. L'idée fait son chemin et en 1533, au Puy-en-Velay, Rincan organise une rencontre entre le roi et un envoyé de Khayr al- Din, ancien corsaire, terreur de la Méditerranée, maître de l'Afrique du Nord,capitan pacha de Soliman, bientôt connu en France sous le nom de Barberousse. On imagine le frisson que provoque l'arrivée de cette délégation accompagnée d'un lion de l'Atlas et d'esclaves dont la liberté est offerte à François l er. L'année suivante, toujours grâce à Rincan, des émissaires turcs sont à reçus à la cour, à Châtellerault.
Les hostilités entre le Très Chrétien et le Catholique vont reprendre. Il devient indispensable pour le descendant des Valois de réactiver son alliance de revers. Un gentilhomme auvergnat, Jean de La Forest, abbé de Saint-Pierre-Ie-Vif à Sens et bailli de l'ordre de Jérusalem, doit partir pour Istanbul créer une ambassade permanente. Officiellement, la délégation se consacrera à l'étude des manuscrits orientaux et veillera sur les Lieux saints. Mais le crochet par Tunis et la rencontre de La Forest avec Barberousse ne laissent aucun doute. Il s'agit d'organiser une offensive franco-turque contre les positions espagnoles et autrichiennes. En février 1536, un traité d'alliance en bonne et due forme est signé entre les deux puissances. L'Empire ottoman fait son entrée officielle dans le jeu diplomatique européen. Connus sous le nom de "Capitulations", ces textes offrent à la France un droit de représentation permanente avec ambassade et consulats ainsi qu'un "pavillon" sur le commerce avec la Sublime Porte. 
 

Des privilèges complétés par la protection des pèlerins se rendant à Jérusalem. La Forest va aussi obtenir, même si aucun texte ne le prouve, 'des assurances concernant la guerre contre Charles Quint. On se prépare à passer à l'acte.
Onze ans après l'envoi des premiers émissaires de la reine mère, Français et Ottomans livrent pour la première fois bataille côte à côte en septembre 1536. Les hommes du baron de Saint-Blancard et de Barberousse s'emparent de l'île d'Ibiza et razzient sans vergogne la côte espagnole.A ces escarmouches, succède une vaste offensive sur l'Italie. Tout est prévu: les Turcs attaqueront Naples alors que les Français fondront sur Milan pour venger Pavie. Inconstance congénitale de François ? Scrupule à combattre aux côtés des "infidèles"? Peur d'un allié trop puissant (Barberousse compte 250 navires contre 60 vaisseaux français)? Rien ne se passe comme prévu. Le roi abandonne ses rêves italiens et attaque en Flandres. Les Turcs délaissent Naples pour dévaster Corfou.
En 1538, sur la médiation du pape Paul III,François 1er et Charles Quint font finalement mine de se réconcilier. Le Valois, une fois encore, jure ses grands dieux qu'il a rompu avec le Grand Turc. Il n'en est rien. 

 
Maître de la mer

Le pirate turc Barberousse se range aux côtés des Français. D'Afrique du Nord, il règne sur la Méditerranée.


 


 

Les Habsbourg menacés sur leur flanc Est
Après être parvenus aux portes de Vienne en 1524 (à gauche), les Ottomans écrasent les Hongrois en 1526. C'est en Hongrie, durant une seconde campagne en 1566 (à droite), que Soliman décède à 72 ans. Les Habsbourg ne reconquerront le pays qu'en 1699.


Jeu de dupes
Le 1er janvier 1540, François 1er accueille, à Paris, Charles Quint qui lui a demandé de traverser la France pour aller mater une révolte en Flandres. En échange, il promet le Milanais. Promesse qu'il ne tiendra pas.


A Istanbul, Jean de La Forest a laissé place à Rincon, expert dans cette diplomatie à double face que le roi Très Chrétien affectionne. La réconciliation franco-espagnole n'est qu'une trêve. La guerre se prépare à nouveau. Soliman renouvelle toute sa confiance au roi de France et le fait savoir à Rincàn.
Mais, en 1541, l'ambassadeur, lors de l'une de ses navettes entre Paris et Istanbul est enlevé et assassiné en Italie par les hommes de Charles Quint. Le scandale est immense et Soliman, furieux, menace d'empaler tous les Autrichiens présents à Istanbul. Un nouveau plan de campagne est mis au point.
Au printemps 1543,Barberousse ravage les côtes italiennes, la Corse, la Sardaigne, et débarque à Marseille le 15 juin. Il est reçu au nom du roi par François de Bourbon, duc d'Enghien. On lui remet une épée d'honneur. Mais les équipages des cent bateaux turcs n'ont rien à manger. La tension monte. Barberousse menace de prendre en otage une partie de la délégation. Arrivent enfin les vivres et la promesse de plusieurs milliers de ducats. Les Marseillais respirent. Le jeune duc étudie les cartes avec l'ancien corsaire. 

Pour commencer, ils assiégeront Nice, une dépendance du duché de Savoie. 

résistance au siège de Nice

Mais, malgré les canonnades, les Niçois, menés par la lavandière Catherine Ségurane, résistent. La flotte turque se replie sur Toulon et commence à "vivre sur le pays". Barberousse n'acceptera de regagner Istanbul qu'en mai 1544, contre le versement de 800000 ducats. Il est accompagné du nouvel ambassadeur de France auprès du Grand Turc, le baron de Lagarde. Selon André Clot, biographe de Soliman le Magnifique, c'est sans doute cette présence qui permet aux États du pape d'être épargnés dans la série de pillages qui égrène ce voyage. Devant l'échec de ses menées, François 1er, une fois encore, fait la paix avec Charles Quint en signant le traité de Crépy-en-Laonnois, en 1544. Il prend de plus en plus au sérieux la menace d'excommunication du pape et fait mine de tourner le dos à son ami Soliman. Mais, toujours fidèle à sa double diplomatie, il ne manque pas de lui envoyer au printemps 1547 une ambassade secrète pour mettre en place un nouveau plan d'attaque. Soliman, qui combat en Perse, aspire alors plutôt à la paix sur son flanc ouest. Il renouvelle tout de même à François son témoignage "d'amitié et de fidélité", ainsi que la promesse d'une armée de 30000 hommes et d'une flotte. Le roi de France mourra, le 31 mars, avant d'avoir reçu la réponse. Soliman lui survivra dix-neuf ans avant de s'éteindre en guerroyant dans les plaines hongroises.

L'étonnante complicité entre ces deux princes de la Renaissance aura duré une vingtaine d'années. Même si elle est, par certaines aspects inconstante  et cynique, cette relation franco-turque établie au cœur du XVIe siècle va laisser des traces visibles et rémanentes. D'abord, selon Jack Lang, autre biographe de François 1er, ce "souper avec le diable" est bien l'ébauche d'une politique étrangère laïque. L'intérêt de l'Etat prime sur le fait religieux. Une diplomatie qui sera aussi celle de Louis XIV, qui désespère le nonce apostolique en restant toujours en bons termes avec le sultan, alors même que les "infidèles" seront aux portes de Vienne.


Jacques Chirac a également fait enrager le Vatican en refusant toute référence aux valeurs chrétiennes dans le projet de constitution européenne. Histoire de pouvoir ménager l'entrée dans l'Union d'un pays musulman. François Ier n'avait pas hésité à utiliser la carte turque pour fonder l'indépendance de l'Etat-nation français. Par un hasard de l'Histoire, Istanbul revient s'immiscer dans le grand jeu diplomatique alors qu'il s'agit cette fois de fonder l'Etat-nation européen. .



Repères

1515 Le 1er janvier, François 1er accède au trône de France.

1519 Charles de Habsbourg (Charles Quint), roi d'Espagne et des Deux-Siècles, devient empereur d'Allemagne.
1525
Les troupes françaises sont battues à Pavie. François ler .est fait prisonnier.
1529
Traité de Cambrai (paix des Dames).
1536 Traité d'alliance entre la France et l'Empire ottoman. Reprise de
la guerre contre Charles Quint, suivie, deux ans plus tard, d'une nouvelle trêve.

 1544
Paix de Crépy en-Laon nais entre François 1er
et Charles Quint.
1547
Mort de François 1er
1558
Mort de Charles Quint, qui avait abdiqué deux ans plus tôt en faveur de son frère.

En complément

avantages commerciaux

siège de Nice 

http://www.webstore.fr/home/webstorien/nice/index.html



. Soliman
le Magnifique, d'André Clot (Fayard, 1983). . François 1-, de Jean Jacquart (Fayard, 1994). . François 1ou le Rêve italien, de Jack Lang (Perrin, 1997).

exemples de compromissions:

La diplomatie française et la presse française aujourd'hui: 

le site  la Politique arabe de la France  

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Documents sur le grand Mufti de Jérusalem, le premier leader palestestinien page d'entrée l'historique du conflit israélo-palestinien photos indédites sur le web du grand mufti de Jérusalem avec sa division SS. pour voir ailleurs... les pensées du documentaliste
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version résumée du site en anglais.

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