Les
vraies origines du sionisme et d'Israël
Qu’est
ce que le sionisme ?
Le
sionisme est un mouvement politique incluant de nombreuses nuances et différentes
factions, les différents commentateurs ont offert des définitions du sionisme
variées en fonction de leurs objectifs. Il ne sont pas tous historiquement ou
idéologiquement précis et ils font des généralisations.
Le
"sionisme" a plusieurs significations différentes:
1.
Une idéologie - l'idéologie sioniste soutient que le peuple juif est un
peuple comme les autre et qu’il devrait se rassembler dans un seul pays. Le
sionisme était identique aux mouvements de libération nationaux italiens et
allemands du dix-neuvième siècle. Le terme "sionisme" a été
apparemment inventé en 1891 par le publiciste autrichien Nathan Birnbaum, pour
décrire cette nouvelle idéologie, il a été employé aussi à posteriori pour
décrire les premiers efforts et idées visant à faire retourner les juifs vers
leur patrie d’origine sur la base de différentes raisons. Le sionisme est une
idéologie qui concerne aussi les chrétiens évangéliques voulant que le
peuple juif retourne en Israël afin d'accélérer l’avènement de Jésus
Christ.
2.
Un terme précis - le terme "sionisme" a été
apparemment inventé en 1891 par le publiciste autrichien Nathan Birnbaum, pour
décrire la nouvelle idéologie. Il est également employé pour décrire
n'importe qui croyant que les juifs devraient retourner vers leur patrie
antique.
3.
Un mouvement politique - le mouvement sioniste a été fondé par Théodore
Herzl en 1897, incorporant les idées de premiers penseurs comme celles de
l'organisation de l’Hovevei Tziyon ("les amoureux de Zion").
Une
définition de sionisme -
voici une définition de l'idéologie sioniste qui est historiquement correcte
et n'exclue aucune tendance sioniste ni ne fait pas du sionisme la "propriété"
d'une faction politique particulière :
Le
sionisme est le mouvement national de renaissance des juifs. Il soutient que les
juifs sont un peuple et ont donc le droit à leur auto-détermination dans leur
propre foyer national. Il vise à fixer et à soutenir un foyer national légalement
reconnu pour les juifs dans leur patrie d’origine et à lancer et stimuler une
renaissance de la vie, de la culture et de la langue nationale juive.
Qu’est
ce qui n'est pas du sionisme ?
Tous
ce que le mouvement sioniste a accompli ou ce que les sionistes font ou disent
n’est pas nécessairement du sionisme
Ce
n’est pas uniquement une histoire d’état
- le sionisme n'était pas, historiquement et officiellement un mouvement pour
créer "un état juif." Le premier congrès sioniste à Bâle, Suisse,
dans 1897 décrète :
Le
sionisme cherche à établir un foyer légal pour le peuple juif en Palestine.
Les
sionistes ont donc cherché l’accord des gouvernements pour établir un foyer
national sous leur protection. Beaucoup ont pensé que les objectifs du
programme de Bâle ont été réalisés avec la déclaration de Balfour de
1917 ainsi que le mandat pour la Palestine accordés par les Anglais en 1922.
Cependant, les Anglais ont par la suite renoncé à leur obligation du mandat
pour soutenant un foyer juif. En 1942, en opposition à la politique
britannique, les résolutions de la conférence de Biltmore ont pour but de créer
un état juif en Palestine. Ce fut dans un certain sens forcé par les
circonstances mais ce n'était pas le but original du sionisme.
Ce
n’est pas uniquement une histoire de religion
- il y a beaucoup de Sionistes religieux et les premiers partisans du retour à
Sion au 19ème siècle étaient des rabbins. Cependant, les fondateurs du
mouvement sioniste n'étaient pas religieux et le mouvement sioniste n'est ni
religieux ni un retour "à la terre promise."
Ce
n’est pas une histoire de frontières
- le sionisme ne s’est jamais préoccupé de frontières. Quelques programmes
développé par les sionistes ont envisagé un foyer juif hors de la Palestine,
des Sionistes ont envisagé un état Bi-national (le parti du Mapam), alors que
d'autres (les "Révisionnistes") insistaient sur le fait que l'état
juif devait être établi des deux côtés du fleuve de la Jordanie, dans
l’intégralité du territoire du mandat britannique.
Ce
n’est pas une histoire de prendre à certains ou d’en rejeter d'autres -
bien que l'histoire du sionisme se soit rapidement mélangé avec les
aspirations nationalistes arabes, le sionisme n'était pas au sujet de prendre
la terre à d'autres ou d'exclure les autres. Le projet
"colonial" sioniste a visé à acheter la terre en Palestine, pour
ne pas la conquérir par la force.
Ce
n’est pas une histoire de militarisme
- bien que l'histoire d'Israël et de l’implantation des juifs en Palestine
ressemble souvent à une longue guerre avec des interruptions, tous les
Sionistes n’étaient pas des militaristes. La plupart des Sionistes ont cru
que leur cause triompherait par seule la force morale. Un des premiers Sioniste
a écrit :
Nous
ne posséderons jamais des canons, même si les non-juifs s’opposent toujours
les uns aux autres. Par conséquent, nous ne pouvons pas juste s’implanter
dans notre tranquillement et vivre et laisser vivre "
(Meir Dizengoff (écriture
en tant que "Dromi") "la question d'ouvriers," Hatzvi,
septembre 21, 22, 1909)
Êtes-vous
un Sioniste ?
Chaque
juif doit décider de lui même s'il est sioniste.
Que
vous apparteniez ou non à n'importe quelle organisation sioniste, que vous
acceptiez ou non n'importe quelle définition "officielle" du
sionisme, si vous habitez en Israël ou projetez d’habiter en Israël,
si vous croyez que les juifs sont un peuple et soutenez que les juifs ont droit
à un foyer national, ou bien alors, si vous êtes prêt à agir pour cela même
si c’est un défi, alors vous pouvez vous appeler un Sioniste,
Les
définitions du sionisme sur le Web
Voici
quelques liens trouvé par Google et d'autres sources sur le Web pour les
définitions du sionisme.. Nous ne sommes pas responsables de la teneur idéologique
ou de l'exactitude historique ou linguistique de ces définitions.
Sionisme :
mouvement national de libération du peuple juif désirant l'établissement de
l'état de l'Israël et voyant l’établissement d’un état juif, sioniste, démocratique
et sûr comme étant la volonté et la responsabilité du peuple juif pour sa
continuité et son futur.
Les bases du sionisme sont :
1. L'unité du peuple juif, ses liens historiques à sa terre d’origine Eretz
Yisraël et l’importance fondamentale de l’état d’Israël et de Jérusalem
sa capitale dans le vie de la nation.
2. L’Aliyah vers l'Israël depuis tous les pays et une intégration parfaite
de tous les immigrés à la société israélienne.
3. Renforcer Israël en tant qu'état juif, sioniste et démocratique et en
faire une société exemplaire avec un caractère moral et spirituel spécifique,
marqué par le respect mutuel de la diversité du peuple juif, enraciné dans la
vision des prophètes, essayant d'obtenir la paix et contribuant à l’amélioration
du monde.
4. Assurer le futur et la particularité du peuple juif par l’éducation
juive, hébreu et sioniste, promouvoir et stimuler les valeurs spirituelles et
culturelles avec l'hébreu enseigné comme langue nationale ;
5. Consolider l’entraide juive, défendre les droits des juifs en tant
qu’individus et nation, représenter les intérêts sionistes nationaux du
peuple juif et lutter contre toutes les manifestations anti-sémites ;
6. L’implantation dans le pays est l’expression pratique du sionisme.
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Qu'est-ce que le sionisme ?
Il existe toutes sortes de définitions
du sionisme et toutes sortes de sionistes : religieux, athées, socialistes, de
droite, de gauche, d'extrême droite, etc. Il ne me semble pas utile d'entrer
dans le détail de toutes les nuances ou des divergences qui les séparent. Il
suffit d'indiquer que le sionisme est une forme de nationalisme, donc une idéologie
qui repose sur une communauté d'intérêts imaginaire entre des individus
appartenant à des classes sociales différentes. Le sionisme tente de mobiliser
de façon totalement acritique le peuple juif (à l'échelle internationale) et
les citoyens juifs d'Israël derrière le gouvernement de l'Etat qui s'est édifié
au Moyen-Orient depuis 1948.
Existe-t-il un peuple juif
?
Pour les deux lecteurs de
Socialist Worker, les Juifs seraient uniquement les pratiquants d'une religion,
au même titre que les catholiques, les protestants, les hindouistes ou les
bouddhistes et il n'existerait donc pas de peuple juif. Par conséquent les
Juifs n'auraient aucun « droit » à un Etat, du moins c'est ce que leur lettre
sous-entend. Effectivement, si l'on nie qu'il existe un peuple juif, et que ce
peuple a éventuellement droit à une terre quelque part sur la planète, il est
bien plus facile de « résoudre » le problème… sur le papier.
Malheureusement pour nos doctrinaires bornés, il existe bien un peuple juif, et
aujourd'hui un peuple et un Etat israéliens. On ne peut plus revenir en arrière.
Mais il faut approfondir un peu le problème. Les marxistes défendent depuis
toujours le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes comme une revendication démocratique
qui pourrait éventuellement débloquer certaines situations inextricables.
C'est ainsi, par exemple, que Trotsky envisagea un moment la possibilité que
les Noirs américains créent leur propre Etat, face au racisme indécrottable
des Blancs. Ou que, d'un autre côté, Marx s'opposa aux luttes de libération
nationale de certains peuples d'Europe centrale car elles ne lui semblaient pas
aller dans le « sens de l'Histoire ».
Aujourd'hui, on peut tirer le bilan de ces positions : les révolutionnaires
socialistes n'ont eu aucune influence sur le développement des différentes
luttes de libération nationale et le XXe siècle a vu apparaître de multiples
nouveaux États indépendants. Apparemment ce processus de morcellement en États-nations
n'est pas terminé, y compris au sein de la vieille Europe où les mouvements
autonomistes prospèrent, de l'Ecosse au Pays Basque et à la Catalogne en
passant par la Corse. Cette volonté de repli sur soi, ce besoin d'identité
locale, régionale ou nationale s'est malheureusement avéré beaucoup plus fort
que l'internationalisme prolétarien, la solidarité de classe entre les exploités.
On peut le regretter, dénoncer le nationalisme comme une impasse, mais comment
fermer les yeux sur ce phénomène et s'étonner que le peuple juif ait voulu,
lui aussi, avoir son Etat ? Rien n'exclut un jour de penser que les Roms,
minorité anti-étatique s'il en est jusqu'à présent, réclament un jour, eux
aussi, d'avoir un Etat-nation quelque part sur la planète. C'est donc dans ce
cadre plus général qu'il faut situer la force du nationalisme juif, l'intérêt
renouvelé de beaucoup de Juifs laïcs ou athées pour leur culture et leur
religion, etc. A cette situation générale est venue s'ajouter l'élimination
de 6 millions de Juifs pendant la Seconde Guerre mondiale.
L'Holocauste n'a pu que convaincre (définitivement ?) les Juifs qu'ils ne
devaient compter que sur eux-mêmes et que leur seul moyen de ne pas se faire
massacrer encore une fois était de faire bloc, d'appuyer la constitution d'un
Etat disposant d'une puissance militaire imposante et de conclure toutes les
alliances militaires ou économiques possibles, y compris avec les États les
plus crapuleux. Le nationalisme des opprimés est-il moins nocif que le
nationalisme des oppresseurs ?
Ce qui se cache derrière le soutien souvent acritique aux mouvements de libération
nationale, c'est à la fois l'idée que le nationalisme des vieilles nations
serait plus nocif que celui des jeunes nations, mais aussi que les luttes de libération
nationale pourraient accélérer l'avènement d'une révolution socialiste.
Cette analyse est totalement erronée.
Aucun mouvement de libération nationale victorieux dans les pays du tiers monde
n'a débouché sur une révolution sociale. Quant à la domination coloniale ou
impérialiste, elle a été remplacée par des dictatures implacables sur la
classe ouvrière et les classes exploitées, de la Chine à l'Algérie en
passant par Cuba. Cela ne signifie pas pour autant qu'il ne fallait pas
s'opposer aux guerres coloniales, mais cela fixe les limites du soutien que l'on
peut apporter aux luttes de libération nationale et surtout aux organisations
qui en prennent la tête, et aux illusions que font naître ces mouvements. En
clair : soutenir le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes oui, porter les
valises des futurs exploiteurs, non !
A moins que, à l'instar des tiers-mondistes indécrottables du Monde
diplomatique, on veuille encenser des politiciens comme Nasser, Ben Bella,
Torrijos, Chavez, Castro ou Noriega, en les parant de vertus socialistes ou
anti-impérialistes que ceux-ci n'ont jamais eues.
Le sionisme est-il colonialiste ?
Oui. Israël est une colonie de
peuplement dont l'évolution ressemble à celle des Etats-Unis, de l'Australie,
voire, par certains côtés de l'Afrique du Sud. Cette dernière comparaison est
cependant dangereuse car la situation des Palestiniens en Israël n'a, pour le
moment, aucun rapport avec celle des Africains noirs en Afrique du Sud avant la
fin de l'apartheid et qu'elle criminalise dangereusement non seulement le
gouvernement mais tous les citoyens israéliens. Israël s'est construit sur
l'expropriation violente des terres et des biens du peuple palestinien et ce
processus ne s'est jamais arrêté. Le sionisme est-il impérialiste ?
Si l'on entend par là que l'Etat d'Israël a des visées expansionnistes, oui.
Mais que dire alors de l'invasion du Koweit par l'Irak, du Liban par la Syrie,
pour ne prendre que deux exemples dans la région ? Si l'on utilise le mot «
impérialiste » dans le sens d'expansionniste, cela est vrai d'un nombre
impressionnant d'États sur terre que les gauchistes ne passent pas leur temps
à dénoncer à longueur de temps comme ils le font avec Israël. Mais les
gauchistes emploient ce mot dans un autre sens également : ils considèrent
qu'Israël serait un « valet de l'impérialisme américain ». Tout mouvement
qui se réclame d'une idéologie nationale peut être amené à s'allier avec
une ou plusieurs puissances dites impérialistes. C'est ce qu'ont fait le FNL
algérien, le FLN vietnamien, tous les mouvements de guérilla d'Amérique
latine et d'Afrique, l'Etat cubain, etc., avec l'impérialisme russe. C'est ce
qu'ont fait les résistants afghans en acceptant l'aide américaine. Les
gouvernements israéliens ont, eux, choisi l'impérialisme américain après
avoir été directement aidés par les Soviétiques, au moment crucial de la création
de l'Etat d'Israël, en 1948. Donc oui, l'Etat israélien a de fortes affinités
avec les grandes puissantes impérialistes, mais cela ne fait pas de lui un impérialisme
au sens économique et financier du terme. Ou en tout cas, il faudrait le démontrer,
chiffres à l'appui, et ne pas se contenter d'invectives.
Le sionisme est-il raciste ?
Toute idéologie nationaliste
peut, à un moment ou un autre, employer des arguments racistes. Et tout Etat
national utilise à un moment ou un autre l'arme de la xénophobie ou du
racisme. Le nationalisme, l'Etat et le racisme marchent parfois ensemble,
parfois séparément mais il n'existe aucune incompatibilité majeure entre les
trois. C'est d'ailleurs pourquoi les révolutionnaires sont favorables à la
disparition des nations, des frontières et des États.
Donc, oui le sionisme a une dimension raciste potentielle, mais comme n'importe
quelle autre idéologie nationale et nationaliste, y compris celle des
Palestiniens, et pas davantage qu'une autre. Signalons d'ailleurs qu'au sein même
d'Israël il existe de puissants préjugés racistes entre les Juifs eux-mêmes,
préjugés dénoncés depuis des dizaines d'années par les Juifs orientaux ou
éthiopiens, et sources de discriminations réelles en Israël.
Cependant, souligner constamment les tendances racistes du sionisme, tout en
faisant l'impasse sur les tendances racistes des nationalistes palestiniens est
extrêmement dangereux. L'utilisation systématique de cet argument est
relativement nouvelle, comme l'a montré la conférence internationale de Durban
sur le racisme où Israël fut condamné comme un Etat raciste par la majorité
des présents. Ceux qui veulent absolument démontrer que le sionisme est une idéologie
raciste jouent sur l'indignation morale qu'a suscitée l'Holocauste et essaient
de la retourner contre Israël. Ce procédé est crapuleux car il aboutit, par
touches successives, à faire un parallèle entre sionisme et nazisme. Et c'est
justement ce que faisait Socialist Worker en comparant les Palestiniens de
Jenine aux Juifs du ghetto de Varsovie et Socialisme en juxtaposant des photos
de soldats nazis et israéliens. De telles comparaisons ne sont pas du tout
innocentes, car elles constituent une des armes favorites des négationnistes et
des antisémites qui veulent à tout prix montrer que les Juifs sont aussi
racistes que les autres, voire davantage. Enfin, à force d'être banalisée,
l'accusation de racisme devient une espèce de tarte à la crème qui lui enlève
tout sérieux aux yeux de la majorité de la population, renforçant le nouveau
credo des réactionnaires qui prêchent, sur le ton du bon sens, que tout le
monde est raciste et que l'on ne pourrait rien y faire.
Un Etat ou deux États ?
Les lecteurs de Socialist Worker
prônent la création d'un Etat qui regrouperait Juifs et Palestiniens. Leur
position est incohérente. On ne peut pas à la fois prétendre que les Juifs ne
seraient que les pratiquants d'une « religion », qu'ils occupent un territoire
« étranger », que leur Etat est « raciste », « colonialiste » et fait le
jeu de « l'impérialisme » et en même temps croire que les Juifs pourraient
demain vivre sur le même territoire que les Palestiniens. Les lecteurs de
Socialist Worker n'emploient même pas le terme d'Etat binational, ce qui est
logique, puisqu'ils nient, du moins dans leurs lettres, qu'il existe un peuple
juif et donc une nation juive.
Si les Juifs d'Israël sont les « pieds noirs » de la Palestine, ou bien une
simple bande de religieux fanatiques ou illuminés, alors il faut en tirer la
conclusion : ils doivent retourner dans les métropoles « impérialistes » d'où
ils sont partis, comme c'est arrivé aux centaines de milliers de Français qui
vivaient en Algérie ou aux Portugais qui habitaient l'Angola, le Mozambique ou
la Guinée-Bissau. Rappelons que ce fut le credo de l'OLP pendant des dizaines
d'années (cf. les déclarations de Choukeiry qui voulait « jeter les Juifs à
la mer »), que son timide changement de position n'est que très récent
(1988), et que c'est toujours la position des organisations terroristes comme le
Hamas et le Djihad islamique qui posent des bombes en Israël.
Nos deux lecteurs le savent bien mais évitent soigneusement de poser le problème.
Et pour rendre la situation encore plus inextricable, ils se réfugient derrière
une résolution de l'ONU qui, si elle énonce un droit parfaitement juste, est
inapplicable. On voit mal comment les 4 millions de Palestiniens de la Diaspora
pourraient récupérer les terres et les maisons dont ils ont été expropriés
ainsi que les emplois dont ils ont été privés. Où iraient les
expropriateurs, c'est-à-dire les Israéliens ? Autant le versement d'une
indemnisation semble raisonnable, autant le « droit au retour » est une
aberration pour les Palestiniens - mais aussi pour les Juifs du monde entier.
Les Juifs ont constitué un Etat en s'appuyant sur la force, comme tous les
peuples qui ont cherché à avoir un territoire à eux. La légende sioniste
veut qu'ils soient arrivés dans une région inhabitée mais aujourd'hui même
une partie des historiens israéliens ont démonté ce grossier mensonge. Les
compromis auxquels il faudra bien arriver un jour seront forcément douloureux
et injustes pour les deux parties. C'est pourquoi j'avais écrit à Socialist
Worker que les Israéliens « n'occupaient pas un pays étranger » et que la
situation était « plus complexe » qu'une occupation coloniale classique d'un
lointain territoire. Les frontières de l'Etat d'Israël sont par nature
extensibles puisqu'au départ ni cet Etat ni l'Etat de Palestine n'avaient
d'existence reconnue et par conséquent de frontières claires.
Vu la situation actuelle, et l'idéologie nationaliste qui mobilise les deux
peuples concernés, il semble impossible de concevoir que Palestiniens et Israéliens
puissent vivre dans un même Etat. Il faudra donc bien deux États et non un
seul.
L'Etat d'Israël fabrique-t-il de l'antisémitisme
?
Non, cette accusation est absurde.
Ou bien seulement dans le sens où tous les États fabriquent de l'hostilité
contre leurs ressortissants lorsque leurs armées commettent des actes
criminels. L'intervention armée des Etats-Unis en Serbie, en Afghanistan, en
Irak ou en Somalie fabrique de l'anti-américanisme : de nombreuses personnes,
de toutes tendances politiques, méprisent globalement les Américains. Mais
aussi on pourrait dire aussi que Chirac, en ce moment, suscite des réactions
anti-françaises en Côte d'Ivoire ou que Mitterrand en a provoquées auparavant
en Afrique et au Moyen-Orient.
C'est donc aux révolutionnaires de répéter inlassablement que l'on ne peut
amalgamer les citoyens d'un Etat avec la politique de leur gouvernement et de
faire connaître le combat des Israéliens qui s'opposent à leur gouvernement
et luttent pour la paix, quitte à risquer la prison dans leur pays et à être
considérés comme des traîtres par leurs compatriotes. Et c'est aux révolutionnaires
d'expliquer les différences entre Israéliens (citoyens d'Israël), Juifs
(membres du peuple juif) et juifs (pratiquants du judaïsme). Les crétins antisémites
sont en fait mobilisés par leurs pulsions racistes et non par les actes
criminels de l'armée israélienne.
Ce n'est pas l'Etat israélien qui fabrique l'antisémitisme, ce sont les antisémites
eux-mêmes. La lutte contre l'antisémitisme a besoin d'explications sérieuses
sur les origines du racisme pas de raisonnements tordus, à l'allure d'excuses.
L'État d'Israël va-t-il « nous » entraîner
dans la guerre, voire dans une guerre mondiale ?
Cette façon de poser la question
révèle une des principales raisons pour lesquelles le conflit israélo-palestinien
suscite tant de passions en France, alors que cet affrontement, mineur par la
taille des populations directement impliquées, demeure marginal et que d'autres
conflits sont infiniment plus meurtriers sur la planète. Comme le disait la
chanteuse Noa (par ailleurs fille d'Iztak Rabin), « En Israël, plus de gens
meurent à cause des accidents de la route qu'à cause des attentats. »
L'importance de l'affrontement israélo-palestinien se mesure plutôt à sa durée,
au nombre de réfugiés et d'exilés concernés (plusieurs millions) et surtout
à sa portée symbolique.
Beaucoup de gens ont l'impression que le monde occidental pourrait se trouver au
bord du chaos ou en tout cas menacé par le terrorisme, à cause d'Israël (en
clair à cause des Juifs). Le milliardaire Ben Laden les renforce dans cette
vision en feignant de s'intéresser au sort des Palestiniens, c'est-à-dire en
instrumentalisant leur situation, à l'instar de tous les dirigeants arabes.
Mais, comme ils l'ont toujours fait, il les oubliera à la première occasion.
L'absence de militants palestiniens dans les réseaux d'Al Qaida semble indiquer
qu'ils ne sont guère dupes de la démagogie du personnage.
Traiter de la guerre à propos d'Israël, c'est toucher au problème de
l'origine profonde des guerres. Même si cet État n'était pas né en 1948, les
rivalités seraient très fortes dans cette région, qui connaît depuis
l'effondrement de l'empire ottoman une situation d'instabilité géopolitique
considérable. On le doit largement à l'action des grandes puissances impérialistes
du XIXe siècle et du début du XXe siècle, qui ont cherché à se tailler des
zones d'influence, à s'approprier des marchés et à contrôler les gisements
de pétrole. La liquidation de toute puissance régionale et l'émiettement en
États locaux plus ou moins artificiels favorisent les interventions extérieures
et attisent les raisons de conflits internes. Ainsi, la guerre la plus grave
dans la région, qui s'est produite indépendamment de l'existence d'Israël, a
opposé l'Irak à l'Iran de 1980 à 1988. Elle a représenté pour les pays
impliqués une saignée équivalente à celle causée par la première guerre
mondiale en Europe. Tous les États occidentaux, ainsi que l'URSS, ont soutenu
l'agression irakienne contre le régime islamiste iranien. L'État français y
fut même cobelligérant, en prêtant des avions de guerre et des pilotes à
l'Irak. Les attentats terroristes de 1986 furent d'ailleurs une conséquence du
contentieux de l'État français avec l'État iranien, aggravé par la question
d'un financement que les Français ne voulaient pas restituer. Qui dans ce pays
a dénoncé cette désastreuse diplomatie ?
On peut admettre que l'existence d'Israël et sa dépendance économique totale
vis-à-vis des États-Unis compliquent la situation, mais elles ne sont pas à
l'origine des tensions multiples qui déchirent la région, bien que les
dirigeants de Tel Aviv essaient d'en jouer. Ceux qui voudraient prendre Israël
comme bouc émissaire, et voir en lui l'obstacle à la paix dans le monde,
oublient les deux guerres mondiales, la guerre froide et toutes les guerres
coloniales depuis un siècle. Pour poser la question autrement, Israël fait-il
ou non partie du monde occidental ? Et si c'est bien le cas, ce fragment imbriqué
au monde arabo-musulman peut-il aspirer le monde occidental dans un conflit avec
l'ensemble de cette aire ? Quoi qu'il arrive, tout se passe comme si l'Europe
avait tenté de résoudre son problème avec les Juifs sur le dos des
Palestiniens. La responsabilité historique des Européens est donc encore plus
lourde que celle des Américains. L'aggravation de la situation en Palestine
n'est pas le produit d'un machiavélique cynisme chez quelques politiciens israéliens,
ni de l'inconscience criminelle d'un Arafat. Ces gens-là prospèrent plutôt
sur un terreau de problèmes inextricables que tous nos gouvernants ont tissé
depuis un ou deux siècles. Comme nous persistons à les laisser en place, il
n'y a aucune raison que les choses s'arrangent.
Le rassemblement des Juifs dans un Etat séparé
constitue-t-il une démission devant l'antisémitisme ?
Non. Pendant quelques dizaines
d'années, des centaines de milliers d'ouvriers et d'intellectuels juifs ont cru
au socialisme, voire à la révolution sociale. Aussi bien en Europe qu'en Amérique
du Nord et en Amérique latine, le mouvement ouvrier a compté de très nombreux
militants et théoriciens juifs, athées et révolutionnaires, aussi bien dans
les mouvements anarchistes que marxistes. Mais vu la passivité ou l'inefficacité
du mouvement ouvrier international devant les persécutions et les massacres des
Juifs notamment avant et pendant la Seconde Guerre mondiale, on peut comprendre
que la majorité des Juifs tirent un constat d'échec des tentatives d'une forte
minorité d'entre eux de résoudre la prétendue « question juive » par une révolution
socialiste. Le moins qu'on puisse dire est que l'Union soviétique, considérée
comme un exemple par l'immense majorité des gens de gauche sur la planète
pendant des décennies, n'a pu que servir de repoussoir, vu l'importance de
l'antisémitisme dans ce pays et la façon dont les staliniens l'ont utilisé, y
compris dans les démocraties populaires.
Ce que les gauchistes demandent aux Juifs c'est de leur faire confiance les yeux
fermés, de croire que les petits groupuscules révolutionnaires, si jamais
leurs idées s'emparaient des masses, ne commettraient pas les mêmes crimes et
rendraient, pourquoi pas, l'humanité meilleure. C'est beaucoup demander, non ?
Surtout lorsqu'on sait qu'une (petite) partie des négationnistes français
vient des rangs de l'extrême gauche. Cette même extrême gauche n'hésite pas
à défiler avec des groupes qui brandissent les drapeaux du Hamas et qui crient
« Mort aux Juifs » dans les rues de Paris. Encore récemment, le samedi 12
octobre, un appel à manifester en « solidarité avec les Palestiniens »,
appel signé par des dizaines d'organisations d'extrême gauche et de gauche dénonçait
justement la politique israélienne actuelle mais sans mentionner une seule fois
les attentats terroristes qui ont fait des centaines de victimes en Israël. De
plus, qui peut affirmer sérieusement que l'antisémitisme disparaîtrait dans
un monde socialiste, si jamais celui-ci voit le jour ?
Enfin, il est faux de prétendre que l'Etat israélien ne combat pas l'antisémitisme.
Au contraire, il ne fait que cela depuis 50 ans. Il mobilise toutes les énergies
contre l'antisémitisme à l'échelle internationale. Que cette propagande ne
fasse pas disparaître l'antisémitisme, c'est une évidence (mais quelle
propagande le pourrait ?) ; qu'elle ait imposé des limites à son expression
publique dans les pays démocratiques occidentaux est difficilement contestable.
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